Le manager narcissique, c'est comme une voiture de formule 1, ça va vite, ça va fort, mais ça casse rapidement et tout aussi fort. Bon nombre de managers de haut niveau, de sportifs de haut niveau, de danseuses classiques sont de structure limite. Efficacité opérationnelle, hyperactivité comme mécanisme de défense contre l'angoisse, acharnement au travail, une éthique et une morale peu prégnantes, sont les caractéristiques du manager limite. Rien n'est plus angoissant pour lui que de se retrouver dans l'inactivité, de se retrouver le samedi et le dimanche sans ses dossiers, de se retrouver sur la plage au mois d'août, avec femme et enfants. Si tout temps d'inactivité est mal vécu, un arrêt de travail pour longue maladie, un licenciement, une mise à la retraite ont souvent des effets catastrophiques pour l'individu. Son style de management, autoritaire, "autiste", est centré sur la fuite de l'angoisse, ce qui lui procure une redoutable efficacité. Voila un profil de structure narcissique, sur un pôle névrotique. Si cette hypothèse se vérifierait, il y aurait alors lieu d'être inquiet sur le climat généré par la culture à venir des grandes entreprises modernes.
Texte tiré du livre de Roland Brunner, La psychanalyse expliquée aux managers, éditions d’organisation