Faux testaments olographes : comprendre la recrudescence et se protéger
Les faux testaments olographes sont en recrudescence en France. Ce type de fraude successorale, qui cible souvent des personnes âgées ou isolées, représente un danger croissant pour les familles. Dans cet article, nous expliquons pourquoi le testament olographe est vulnérable, comment repérer les falsifications et quel est le rôle du graphologue dans la détection de ces fraudes. Quel est le rôle du graphologue expert en comparaison d’écritures dans ces affaires ?
Qu’est-ce qu’un testament olographe et pourquoi est-il vulnérable ?
- Le testament olographe est défini par le Code civil : il doit être entièrement écrit, daté et signé de la main du testateur.
- Pas besoin de notaire ni d’enregistrement officiel, ce qui le rend accessible… mais aussi exposé à la fraude.
- Failles fréquentes : absence de dépôt chez un notaire, conservation précaire, facilité d’imitation de l’écriture.
Une recrudescence de faux testaments confirmée par les tribunaux
Exemple d’escroquerie dans l’Allier
En 2023, une vaste affaire a éclaté dans l’Allier : un réseau a détourné plus de 5,6 millions d’euros grâce à 11 faux testaments olographes. Les fraudeurs repéraient des personnes âgées isolées, sans héritiers connus, et produisaient de faux écrits pour capter leur succession. Ce réseau comprenait un ex-notaire, un directeur d’EHPAD, un membre d’une organisation funéraire, etc., qui repéraient des personnes âgées isolées sans héritiers apparents.
Un article de Village-Justice signale qu’en période de crise (ex. pandémie de Covid-19), on a constaté une hausse des demandes d’expertise de signatures concernant des testaments olographes suspects et des modifications frauduleuses de clauses bénéficiaires d’assurances vie.
Une tendance renforcée par la crise
Des experts ont constaté une augmentation des demandes d’expertise de testaments pendant et après la crise du Covid-19. Dans le même temps, des arnaques similaires ont touché les assurances vie, avec des modifications frauduleuses de bénéficiaires.
Mythe ou réalité : aides à domicile et faux testaments ?
On entend parfois que des aides à domicile, femmes de ménage ou proches pourraient profiter de leur accès à des personnes âgées pour falsifier des écrits.
À ce jour, aucune donnée officielle ne confirme cette tendance.
Les cas médiatisés mettent plutôt en cause des réseaux plus organisés : notaires indélicats, responsables d’EHPAD, intermédiaires funéraires, etc.
Cependant, le risque existe dès qu’une personne vulnérable confie ses affaires à un tiers, quelle que soit sa fonction.
Le rôle du graphologue face aux faux testaments
Expertise graphologique
- Analyse comparée de l’écriture avec des documents authentiques (lettres, cartes, signatures bancaires).
- Détection d’anomalies : tracés hésitants, tremblements, homogénéité suspecte.
- Étude de la cohérence linguistique et rédactionnelle (syntaxe inhabituelle, vocabulaire étranger au testateur).
Outil de prévention
- Conseiller les familles à déposer le testament chez un notaire ou au Fichier central des dispositions de dernières volontés (FCDDV).
- Encourager la conservation de nombreux écrits authentiques pour faciliter les comparaisons.
- Sensibiliser les personnes âgées et leurs proches aux risques de manipulation.
Comment se protéger contre les faux testaments ?
- Informer les personnes âgées : rédiger un testament clair, daté, signé et conservé dans un lieu sûr.
- Enregistrer le testament : privilégier le dépôt chez un notaire.
- Anticiper les litiges : conserver des écrits authentiques du testateur.
- En cas de doute : demander une expertise graphologique indépendante.
Conclusion
Les faux testaments olographes ne sont pas un simple fait divers isolé : plusieurs affaires récentes montrent que la fraude peut toucher n’importe quelle succession.
Si l’idée d’une généralisation par les aides à domicile n’est pas confirmée, la vigilance reste de mise.
Le rôle du graphologue expert en comparaison d’écritures permet de poser un avis extérieur objectif sur le(s) document(s) posant questions et permettre, le cas échéant , qu’une famille se sentant lésée, puisse entreprendre un parcours juridique de sécurisation de leur héritage et faire respecter la volonté réelle du défunt.
Anne Bizet